Henri Pourrat, grand lecteur

Dès son tout jeune âge Henri Pourrat pratique la lecture. Sans doute a-t-il commencé par les livres qui lui tombaient sous la main, ceux du grenier d’abord, quelque vieux dictionnaire du commerce orné de vignettes ou manuels de piété dont il aimait les gravures, d’anciens volumes du Magasin pittoresque, de L’Illustration de la jeunesse ou du Journal des enfants. Les Mille et Une Nuits aussi et Alexandre Dumas bien sûr. Et puis des romans moralisateurs, de ces livres de prix de la jeunesse des vieux pères : Marcelou le jeune voyageur, L’Enfant du naufrage, Le Colon de Mettray.
A 12 ans, il aime les livres d’aventure : Fenimore Cooper (Le Dernier des Mohicans, La Prairie) et Stevenson (L’Île au trésor). Chaque livre est pour lui un royaume, un monde où il s’efforce de passer.
Il suffit d’une phrase : “Hisse les perroquets et les cacatois, double les focs !” et on est sur la dunette au soleil levant, devant l’île. Quelle chaleur, quel bleu de la mer ! On va écraser les pirates, on va retrouver le trésor et tout ira bien à la fin !
A 16 ans, il découvre Épictète et les poètes ; à 18 ans, malade, tout en se soignant, il lit Rabelais et Montaigne.

« Lorsque je suis condamné au repos, je goûte une douce joie à lire, à abattre de la lecture tout le long du jour sans faire autre chose. »
(Lettre à Joseph Desaymard, 19/6/1919)

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Henri Pourrat dans son bureau
© Photographie de Trampus

En 1908, année de sa majorité, Francis Jammes provoque son admiration. Puis en 1909, il aborde toutes sortes d’auteurs : de Dante à Bergson, de Pascal à Chamfort, sans oublier la Bible, Goethe, Nietzsche, Poe, Kipling, Baudelaire, Barbey d’Aurevilly, Bourget, Loti, Moréas et de vieux livres du XVIIIe siècle sur les religions et les superstitions. Barrès lui parait un maître. En 1910, il lit Balzac, Fléchier, Boutroux, Léon Daudet, Heine, Laforgue et Le mémorial de Sainte-Hélène, La Princesse de Clèves, La Satire Ménippée. En 1911, Aimé Pache l’incite à connaître Charles-Ferdinand Ramuz. La même année il découvre Paul Claudel. En 1912, il fait la connaissance du poète Léon Boyer, puis des Leblond. Il lit Rousseau, W. James, La Bruyère, Madame de Sévigné, Brantôme, Saint-Simon, Péguy, Colette, Montesquieu, Chateaubriand, tout Balzac, Zola, Anatole France, P.-L. Courier, Rimbaud, Oscar Wilde, Leibniz, Shakespeare, Pascal, des chansons de geste, le Grand et le Petit Albert et nombre de vieux livres.
Dix ans après le début de sa maladie, lors d’une rechute à la fin de 1915, il lit et relit Claudel et Yeats.

Toute sa vie est nourrie de lectures. Lorsque sa fille Annette, en 1955, se voit confier la critique littéraire du journal La Montagne, il suit encore avec attention les livres qu’elle reçoit des services de presse.

La bibliothèque d’Henri Pourrat compte des milliers de livres, dont 5000 sont conservés dans le Fonds Pourrat à la Bibliothèque du Patrimoine à Clermont-Ferrand.
Certaines dédicaces de ses contemporains, ainsi que les lettres échangées avec leurs auteurs montrent combien Pourrat était, bien que « vissé à Ambert comme un chou en terre », totalement inséré et considéré dans le monde littéraire de son époque, en France et à l’étranger.

Biographie

Textes d’Annette Lauras, fille d’Henri Pourrat et Isabelle Piat, consultante
Illustrations de Fabian Grégoire, aquarelles sur papier d’Ambert

L’œuvre littéraire

Toute l’œuvre littéraire d’Henri Pourrat est habitée par la nature. Une invitation à "Toucher Terre"
Les chemins sablonneux s’enfoncent de salle (...)

Une vie de rencontres et d’amitiés

« […] Est écrite pour toujours la raison d’être de l’homme : ce n’est pas de s’emplir la panse, ou d’étriper le voisin, d’établir sa domination sur les (...)

Ni hommes, ni femmes, chantent-ils, tous Auvergnats. De la sorte, quand on songe aux travers et défauts propres à chaque sexe,
on est en droit de penser que l’Auvergnat seul pourrait préparer l’avènement d’une humanité supérieure. (Ceux d’Auvergne, 1928)